LA FAUTE AU TEMPS

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Ma folie reprend. Je suis saoule de lettres et ne veux qu’écrire, surtout si ma reine est là !!! Elle me hante et je m’en prends à tout ce qui m’entoure. Ma plume m’appelle, m’implore. Ma muse me visite pour me faire des souhaits et je suis comblée par sa présence car elle fait mon essence. Elle vient pour me parler de maintenant, d’aujourd’hui, d’hier, mais jamais de demain !!! Hier, on était peu, on s’aimait comme des mômes. On se saluait sans être obligé de se connaitre. On frappait aux portes et se faisait inviter sans rendez-vous, et sans gêne aussi. On mangeait ensemble, ce qu’il y avait de prêt. Et, il y avait toujours de quoi de rassasier et de quoi rire et de quoi s’amuser. On était généreux, conviviale, accueillant et aimable. On sautait, on jouait, de champ en champ, de pré en pré… le vent qui sifflait dans nos têtes était un vent doux d’été indien qui durait douze mois sur douze.. On se balançait sur les tiges de blé, dans le foin,  sur le gazon, on buvait de l’eau fraiche de la rivière, qu’on ramassait légèrement à la main et qui fuyait sur les côtés de la paume involontairement. C’était un très beau jeu qu’on faisait quand on jetait une petite pierre  dans l’eau du fleuve. Elle faisait des ondulations qui attiraient l’œil innocent et le regard bonhomme vers l’abstraction de cette beauté et de ce secret indéchiffrable de la belle nature. L’âme était légère, douce, joyeuse et en totale allégresse. Elle se voyait claire au reflet de la tête baissée sur la rivière. Le visage était un reflet typique de l’intérieur, du fond, d’ l’âme, de la beauté, de la sculpture enjolivée de la créature humaine.

On était proche. Famille réunie par évidence et il n’y avait d’autre alternative dans la vie : parents, enfants, frères, beaux-frères, sœurs, belles-sœurs… tous dans le même « houche » (grande maison entourée de prairies), dans le même « douar » de la même tribu. On s’aimait, on vivait la tendresse, on se partageait tout, on préparait pour tous. Pain cuit au feu de bois, légumes cueillis du champ, couscous fabriqué à la maison et tiré de la provision, faite lors de la récolte…

Avant la femme partageait les tâches avec ses sœurs, belles-sœurs, cousines, … elle avait plusieurs enfants et ne se fatiguait guère de leur éducation, car tous s’entraidaient pour avoir une progéniture qui honorera le nom de la famille à travers les siècles.

L’homme, lui, travaillait et rentrait heureux, pour goûter à la chaleur de  la famille. Avant, il y avait du respect des grands. C’était le grand-père qui décidait de tout, qui planifiait pour tout, qui gérait tout. On avait honte de faire des chamailles devant les grands. On n’avait pas de chose qui s’appelle « divorce », « séparation », « destruction de l’harmonie familiale ». On était uni. Même s’il y avait des malaises, on les ignorait, on ne les cherchait pas. On ne vivait que pour être unis, ensemble. C’était la seule loi de vivre, d’exister, d’être. C’était l’essence de l’existence.

La femme était heureuse, son argent, comme le dicte l’Islam, était sa propriété à elle, seule. Elle en faisait ce qu’elle voulait : bijoux, vêtements, lots, biens… Ses joues étaient toujours roses la femme !!! ce n’étaient pas des phares, ni du maquillage. C’était tout simplement le bonheur qui s’exprimait sur son visage, plein de bisous venant de tous. Il y avait beaucoup d’amour et de chaleur. Cousins, cousines, tantes, oncles… on s’embrassait tous les jours et ça rosissait les joues de la femme, de la mère, de la fille, de la tante, de la sœur, de la belle-sœur… les joues étaient toujours d’un rose tellement beau, tellement scintillant, qu’on ne pouvait dire ou penser qu’on puisse être malheureux, pour tout motif qui soit.  La vie était belle, chaleureuse, radieuse. On ne faisait jamais de calcul. Il y avait un grand- père puis son grand et ainsi de suite qui se chargeaient de ce qu’il faut comme dépenses, commissions, besoins… et qui épargnaient aussi pour l’héritage, qui fera incontestablement l’aisance de la progéniture. La vie était si simple, si douce, si calme, si paisible !!!

 

Maintenant, tout change, tout est différent. Maintenant, une femme se regarde au miroir, une première couche de phare à joues, une deuxième, une troisième !!! Toujours pâle, toujours livide, toujours boudeuse et veut parfois même casser ce miroir qui ne veut pas lui rendre sa beauté, volée involontairement par le temps. Les yeux cernés, les rides qui représentent continuellement le film de ses  années écroulées depuis qu’elle fut sur terre.

Maintenant, on ne vit plus ensemble. On n’est plus pour l’union, chacun à sa vie depuis son jeune âge, indépendamment de la famille. Chacun court pour soi et personne n’est heureux.

 

Chacun cherche sa bohème, mais elle n’existe plus !!! Un homme et une femme, sous un même toit, oublient parfois de se regarder dans les yeux ; pourtant dedans, il y a tout un passé, il y a un jour où l’attente foudroyait les cœurs, où les plaisirs fondaient les âmes, où les rêves enivraient les émotions. L’un était dans les pensées de l’autre, dans son cœur, dans son être, dans son… existence même !!! L’un était le sens de la vie de l’autre !!! Mais maintenant !!! Oh !! Le temps !!! On court comme des fous.

La femme travaille, étudie, a des diplômes, une notoriété, un pouvoir, une femme de société !!! Mais, est-elle heureuse ??? Elle ne profite plus de ce que l’Islam lui a donné : son argent, ses biens, sa féminité, sa beauté naturelle, ses dons, elle ne peut plus profiter de quoi que ce soit et ce au profit des autres et dans leurs particuliers intérêts !!! Ses contraintes se sont multipliées, le travail lui est devenu, obligation pas pour se parer de ses gains mais pour bosser et crever à l’intérieur comme à l’extérieur pour que les autres vivent.

Elle n’a plus de bisous sur le visage, elle a plutôt un cellulaire collé à la joue, une ventouse de tentacule qui cerne la tête et l’inhibe, sans répit. Maintenant, dans la rue, c’est un appel, au volant, c’est le portable à l’oreille, au toilettes, c’est une communication urgente qui ne peut attendre !!! Son ami, son compagnon le plus intime, le plus proche de son visage, de ses yeux de sa bouche, de sa main… de tous ses sens quoi !!! visage, joue, lèvres… qui devaient être câlinés, cajolés, dorlotés, par des personnes qu’elle aime, ce devient la propriété du matériel, de l’objet, de l’illusion, de la … frustration. Un appareil magique qui englobe le monde et l’enrobe, qui nous stimule et enivre. On se crée un « nous » virtuel, fictif, imaginaire, futile, chétifs, sans piliers, à part l’illusion d’avoir un monde qui n’existera nul ailleurs. Maintenant, les yeux ne regardent que le vide, plus les enfants, plus la maman, plus le papa. Chacun a son smart, son a-pad, son aphone, ou quoi que ce soit d’autres qui anéantit le réel au profit strict et égoïste du virtuel, de l’illusoire, du mensonge ; du coup, devant la télé, on ne regarde plus la télé. Un silence de mort règne dans le salon. Parfois, on entend un sourire timide, sans même lever les yeux par crainte de quitter son monde fantastique. Fin de la soirée, chacun au lit, et pourquoi pas encore n dernier coup d’œil avant de partir dans un sommeil rêveur de ce qui a été échangé et de ce qui va se réparer pour le lendemain dans cette funeste boite. Une nouvelle technologie obsessionnelle, un cannabis meurtrier. Il tue le fond de l’union et de l’amour en faveur du mensonge qui emporte par son invraisemblable !!! On est dedans, on cherche ; on est loin, on y pense. On jette le mobile par une certaine sagesse provisoire et une certaine prise de conscience des conséquences néfastes de cette fatalité d’individualisme qui s’impose. Mais, on râle, ça gratte, il y a quelque chose qui manque et qui demeure… vitale !!! On désactive, on jette fortement l’appareil, mais très doucement sur le canapé. On le regarde, l’épie, il nous provoque, appelle, et quelques minutes encore on retombe dans  son charme, le reprend sans merci et refonce dans son monde. On devient de plus en plus nerveux car si son fils éprouve un besoin ou un autre, on sent que ça dépasse les limites du possible et que ça devient impossible de subvenir calmement aux besoins de nos subordonnés. Il dérange l’harmonie du mirage et l’illusion du marécage de la pseudo-vie. Je dirais que ce net est une arme désastreuse de toutes les valeurs humaines des musulmans, faits pour être unis ; hommes du monde, faits pour vivre ensemble l’unité, l’union, l’unisson, l’harmonie, l’échange en face à face, pour du vrai.

Maintenant, la femme est zen, belle, charmante, charmeuse, mais trop fardée et très fatiguée. Sa réalité, c’est une fleur perdue dans un champ d’herbes intoxicantes, que le vent arrache, dénude et met sur cette ravissante rose, qui perd et se perd, emportée par le vent, jetée dans le fleuve, attelée au courant, déracinée, désépinée pour se défendre, désodorante. Heureusement, il en reste une sève, sauvée au delta et dardée sur la rive, humide et fertile. La fleur reprend vie, ressuscite, bourgeonne, effleure, grandit, odore, toutefois… ailleurs !!! Loin de ses racines, loin de sa vie, loin de ses origines. Elle fonce seule ses veines dans la nouvelle terre et rosit dans la nature, dans les rives, sur le val, devant les cimes. Elle monte, grandit et atteint l’amont. Un magnifique amalgame d’odeurs des parfums de la rose jumelés à ceux des verdures montagnardes. La fleur fête ses noces avec sa vraie vie exotique, radieuse, éblouissante et… chimérique.

Belle muse, je te remercie de me procurer cette dictée, de me permettre cette évasion, de m’emporter dans les nuées, sur mon nuage avec mon ange, de me fournir cette opportunité de regarder le monde qui court, les fumées suffocantes des échappements, qui se répandent et polluent jusqu’aux oreilles, comme si c’était un mauvais rêve qu’une fleur insolite embellit et qu’une rivière généreuse lave et qu’un air de montagne purifie.

 

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