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Le talon qui fend dans la solitude spirituelle
La folie de l’écriture est une maladie que ne comprend que celui atteint de ce pathos. J’ai besoin d’écrire pour crier la femme, hurler, la femme, plaindre sa douleur et pleurer ses peines. La femme a naturellement des dons incontestables. Elle est belle, affectueuse, jouit d’instinct de maternité et sait aimer sans artifices. La femme est géniale. Elle subit depuis sa puberté des maux naturels obligatoires et inséparables de sa vie, de son être, de sa constitution physique et mentale. Elle peine et apprend naturellement et spontanément à être patiente, sobre, et entre autre à souffrir en silence. C’est ça la femme. Elle ne se plaint jamais mais endure continuellement. Maux physiques et charges sociales et préoccupations et contraintes et…et…et…
La femme a appris depuis la nuit des temps à ne pas dire « non » à ce qui lui est imposé naturellement et puis…elle n’y peut rien. Elle ne va pas arrêter se règles ou décider de la date de sa ménopause !
Ah ! La ménopause !!!Autre source de souffrance : bouffée de chaleur, sécheresse, morosité…et elle endure. Elle ne peut rien au cycle régulier des maux mensuels.
Une semaine ou plus de préparation : nervosité, morosité, boulimie, anorexie, perturbation et toute sorte de manifestations de la précarité hormonale exprimée par des comportements différents à son être parfois ou même par une allure qui l’épouvante, elle jaunit, elle a les yeux cernés, elle faiblit, elle se sent indécise. Toutefois, il ya des cas où c’est moins fort ou plus fort. Tout est relatif au physique et à sa compatibilité avec le moral, leur entente, leur convergence, leur convenance.
Après vient la pire des quatre semaines. La femme se sent ailleurs et obligée d’être là, ici, maintenant. Elle vit une vie avec les autres et une autre avec son corps qui se purifie en la peinant. Elle est inconsciemment schizophrène la femme. Elle l’est naturellement, elle l’est spontanément. Puis, terminant le nettoyage, elle commence à voir la vie autrement, plus rose, plus belle, plus pétillante et puis après ça reprend, ce cercle vicieux infernal qui ruine son être. Or, décidément, la femme a une capacité de résistance beaucoup plus importante que celle de l’homme. C’est la nature qui lui a appris cela. Elle ne peut pas arrêter de souffrir la dépucelle, la grossesse, la période d’envie ou de dégoût, de caprice ou de refus due aux perturbations vécues par son corps qui englobe un fœtus et qui donne vie à un être avec la grâce du Grand bien évidemment. La femme ne peut pas estomper les douleurs de l’accouchement quoique la science évolue mais je parle de ce qui est naturel.
La femme ne peut pas dire non à la nature et ça lui a appris à réagir ainsi dans sa vie.
Ah ! Sa vie ! La femme a un cerveau qui ne se lasse pas de travailler. Elle pense à tout. Elle cherche à tout perfectionner. Elle veut rendre tout le monde heureux. Elle se néglige pour satisfaire aux besoins des autres. Elle souffre en silence. Elle se donne. Elle s’adonne. Elle fend pour que les autres luisent. Elle s’engouffre pour que son entourage surgisse, réussisse, éblouisse. La femme encaisse, endosse, entasse en silence.
Elle donne et ça apprend spontanément aux autres, à l’homme spécifiquement et aux enfants, peut-être bien aux frères ou sœurs aussi, de ne penser qu’à prendre et prendre et prendre. Les enfants, eux, ils aiment leur maman, ça c’est sûr mais ne reculent jamais devant leur caprices et ils demandent et elle subvient et ils exigent et elle obéit. Une femme machine à tout faire.
Une femme qui joue le rôle de tous les ouvriers dans un travail à la chaine et si un maillon faiblit, tout se ruine et c’est de sa faute à elle, si la vie ainsi s’arrête. Cette femme a au fond d’elle un bébé étouffé, il veut se lever, elle l’endort, il tend se s’étirer, elle le comprime, il essaye de bouger, elle l’inhibe. Elle est en perpétuel conflit avec ce bébé qui loge ses tripes mais, elle le néglige, l’ignore, l’opprime et espère parfois même le supprimer pour continuer à bosser malheureuse, au profit des autres.
La femme porte l’habit d’une souriante, heureuse par le bonheur qu’elle sculpte sur le visage des autres. Elle est naturellement altruiste mais jamais égoïste car sinon elle risque de se trouver seule, méconnue, sous-estimée, inappréciée et ingrate. Oui ! Et bien elle risque tout ça à la fois, car par évidence elle est servile, possédée, soumise. Donc un moindre retour sur soi la tue et la mène à un désarroi incroyable, dés que cette femme sent le mouvement de ce bébé en elle. Cet être qui lui fait écho de ses désirs, lui rappelle, que quelque part, elle existe, ressent, vit, respire, mérite d’être aimée pour elle-même et sentir qu’elle est belle. Cet être monstrueux qui s’éveille, elle le bat et il se remet et tape la porte de sa conscience. Elle le rejette et lui, revient et rappelle qu’elle doit se voir au miroir et contempler sa beauté, son être, sa finesse, sa douceur, sa tendresse, déjà oubliés. Car en fait avec les gosses, c’est mécanique. Avec l’époux c’est aussi systématique et elle est là pour accomplir des devoirs. N’a-t-elle pas de droits ? Ne peut-elle pas demander ? Ne doit-elle pas oser dire : « je veux ça et non celui-là ? »
Ma vie me dégoûte, pourtant, je suis constamment aussi dégoutée de l’éveil de mon bébé. Il me pousse vers mes vocations, mes désirs, mes sens, ma féminité, mon amour. Et moi, je le fuis mais il finit par gagner et je me sens désemparée. Je suis devenue schiso. Une refoulée qui fait ses devoirs sans aucun plaisir et hait tout ce qui l’entoure car il empêche de vivre l’euphorie avec son bébé et une autre qui cherche les petits coins d’intimité, d’indépendance, de liberté, pour vivre sa joie.
Donner est très beau, se sacrifier est super magnifique surtout quand on voit le bon résultat sur les carnets des enfants, dans la renommée de l’époux qui réussit bien sa vie. Mais ça tue. Ça déprime. Je ne suis pas malade mais je souffre. J’ai vu tant de médecins neuro, céphalo, ophtalmo et je n’ai rien. Pourtant c’est des oreilles qui brulent le tonnerre constamment à tort.
On m’a inventé des maladies et finalement le mal n’a pas pu guérir. J’ai alors commencé à changer de mode de vie, du sport, des amitiés réelles et facebookiennes, des rigolades, des cafés avec les amies. Des échanges et j’ai vu, surtout sur Facebook, que je pouvais être aimée pour moi-même, pour ma plume, pour mes idées, pour mes photos aussi. Je commençais alors à me voir pour de bon au miroir et dire avec courage, audace et conviction que vraiment je suis beaucoup plus belle que je ne le pensais et que je mérite beaucoup plus que ce que j’ai. Je mérite l’amour pour ce que je suis et non ce que je fais et donne de mon sang et mes nerfs.
Ainsi soit-il, je redevenais peu à peu souriante, heureuse, surtout avec mes amitiés qui me donnaient du courage. Ils m’encourageaient énormément surtout pour que j’épanouisse ma plume et que j’arrose mon papier et j’ai compris que ma maladie est la frustration de mon don et que ce dernier est l’apanage de l’amour.
Un artiste a besoin d’être aimé pour ce qu’il est, comme je suis, j’ai besoin d’être surtout appréciée par ceux et celles qui me lisent et m’encouragent. Sinon c’est le mal vivre des grands romantiques, je pense, qui toujours insatisfaits, en conflits avec leurs bébés, à la recherche de la bohême.
Voici une étincelle de toute une braise de la vie d’une femme qui pensait que l’altruisme est un nihilisme oblige.
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